La Nouvelle-Orléans : cité du jazz
- L'évolution de la perception du jazz dans la ville : reconnaissance et légitimation
Au cours des années, la perception du jazz dans la ville a évolué. En effet, le jazz a été reconnu et légitimé. En 1930, le negro spiritual est popularisé par Sister Rosetta Tharpe ou Mahalia Jackson avec Move On Up A Little Higher (www.youtube.com/watch?v=06gAdro-62E&feature=kp). C'est une version plus moderne du spiritual rebaptisée Gospel Song ("chant évangélique").
En parallèle, le nombre de musiciennes a augmenté. Le jugement étant moins machiste, les femmes ont pu jouer de plus en plus d'instruments.
Cependant, Louis Armstrong est celui qui a popularisé le jazz : c'est lui qui a inventé la forme musicale que nous connaissons actuellement. Il influencera les jazzmen qui arriveront après lui.
- Les grandes stars du jazz à la Nouvelle-Orléans
Mahalia Jackson est une chanteuse de Gospel née à la Nouvelle-Orléans. Dès son plus jeune âge, elle admire Bessie Smith (1894-1937), considérée comme l'impératrice du blues. Alors que sa famille s'installe à Chicago en 1927, elle enregistre ses premiers albums à partir de 1946. Des albums qui font toujours partie de l'histoire du gospel de nos jours. Elle est considérée comme une des très grandes voix du XXème siècle. Duke Ellington rend un bel hommage au gospel avec Black, Brown and Beige composé pour Mahalia en 1958. Mahalia est une militante des droits civiques aux côtés de Martin Luther King, elle est également considérée comme "grand standard du gospel". Etant une grande chanteuse de Gospel, elle fut l'une des grandes stars qui participa à la naissance du jazz.
Bessie Smith (1894-1937) Mahalia Jackson (1911-1972)
Plusieurs grands noms du jazz se sont inscrits dans les mémoires tels que Buddy Bolden, considéré comme le premier chef de groupe orchestral mais également comme le "King".
Buddy Bolden (1877-1931)
En 1917, le premier orchestre blanc, l'Original Dixieland Jass Band constitué de cinq musiciens, sort le premier disque de jazz. L'un des musiciens les plus connus reste Jack Laine (1873-1966). Il est surnommé "Papa Laine" et est considéré comme le père du jazz blanc.
Original Dixieland Jass Band
Sidney Bechet est une légende dans l'univers du jazz, une figure emblématique né également à la Nouvelle-Orléans. Il part en tournée à Londres en 1922 dans l'orchestre de Bennie Payton. Deux ans plus tard, il rejoint le groupe de Duke Ellington mais se fait renvoyer trois mois plus tard pour avoir manqué trois concerts. Tandis qu'il connaît une période qui noirçit son image (il fait un mois de prison alors qu'il est condamné à quinze mois pour avoir tiré sur son rival, Mike McKendrick), il se remet aux enregistrements aux côtés de Louis Armstrong, Tommy Ladnier (1900-1939) et Mezz Mezzrow (1899-1972) en 1940. Il a transmis sa passion pour la musique, et particulièrement pour le jazz, à son fils Daniel Bechet.
Sidney Bechet (1897-1959)
Louis Armstrong est aussi connu sous le nom de Satchmo, surnom donné par le public pour "Satchel Mouth", "bouche en sacoche", ou encore de Pops, un surnom plus respecteux donné par les musiciens. Il est considéré comme le "roi du jazz". Il rejoint en 1922, King Oliver et son groupe. La chanson la plus célèbre qu'il a composée est West End Blues. Il enregistre plusieurs morceaux avec ses orchestres Hot Five et Hot Seven. En 1926, lors d'un concert avec le groupe de King Oliver, la partition de Louis Armstrong s'envole, il improvise alors des onomatopées, ce qui créa le scat (un style de jazz chanté avec des onomatopées). En 1935, il est obligé d'arrêter de jouer pendant un an à cause d'une rupture du muscle des lèvres. Après sa disparition, on apprit les soutiens financiers qu'il apportait à Martin Luther King et également aux enfants déshérités du Queens, à New York. C'est en 1968 que sort son dernier succès mondial : What a Wonderful World (www.youtube.com/watch?v=E2VCwBzGdPM).
Louis Armstrong (1901-1971)
En 1885, dans le quartier de Storyville de la Nouvelle-Orléans naît Jelly Roll Morton qui sera plus tard considéré comme "l'inventeur du jazz". Tandis que le piano n'a pas sa place dans les premières formations néo-orléanaises, il existait à la Nouvelle-Orléans une école de piano ragtime présidée par Tony Jackson. Il a modifié les différents genres de musique : il a pris le rythme syncopé du ragtime en supprimant le côté rigide, il a modifié les ensembles improvisés de la musique orchestrale centrale collective, il a également laissé cours à presque toutes les fantaisies pour en arriver aux morceaux qui allaient faire fureur dans les années 1940. On sait que dans les années 1900 il jouait du piano dans les maisons closes en interprétant différents genres. De 1900 à 1920, il voyageait un peu partout aux Etats-Unis (de New York à la Californie en passant par le Canada, le Kansas et la Floride). A partir de 1904, il se produisait avec des "vaudevilles" (spectacle, show, combinant musiciens, numéros d'acrobaties, cirque, danseurs, clowns...) dans les villes du sud puis à Chicago et à New York. En 1905, il a composé son Jelly Roll Blues qui est publié en 1915, ce qui initia plus de musiciens au style "New Orleans". On sait également qu'il était à Chicago en 1912, car c'est à cet endroit qu'il a enregistré ses premiers morceaux. Les chansons les plus connues de Jelly Roll Morton sont King Porter Stomp (www.youtube.com/watch?v=dZOkRBVI-gE) et Woverine Blues (www.youtube.com/watch?v=O1XtZntLFxs).
Jelly Roll Morton (1885-1941)
Bix Beiderbecke (1903-1931) est un joueur de cornet. Il fait partie du groupe Wolverines (alias Wolverines Orchestra) dans lequel il joue du cornet mais également du piano. Il est considéré comme une légende qui apporte au jazz le chic et le raffinement.
Bix Beiderbecke Wolverines Orchestra
Johnny Hodges est l'un des plus grands saxophonistes. Surnommé "The Rabbit" ("le lapin") il est repéré très tôt par Sidney Bechet qui le prend sous son aile. Il a ainsi l'occasion de travailler avec Sidney Bechet, mais également avec Duke Ellington qu'il rejoint en entrant dans son orchestre à partir de 1928.
Johnny Hodges (1906-1970)
Mamie Smith est la première grande chanteuse de jazz et de blues. Elle joue du piano et devient connue grâce à son groupe Beale Street Boys. Elle se produit également dans des vaudevilles.
Mamie Smith (1883-1946)
De nombreux noms se sont inscrits dans l'histoire du jazz, comme Duke Ellington qui a eu une carrière d'environ cinquante ans, mais également James P. Johnson, un grand musicien de stride qui est aussi connu dans l'univers du jazz.
Ainsi, plusieurs grands noms du jazz se sont fait connaître, non seulement avant mais également après la légitimation du jazz. Aujourd'hui, la Nouvelle-Orléans est considérée comme un lieu touristique où l'on peut visiter des quartiers, des maisons où ont vécu et joué les premières grandes figures du jazz.